FEMMES DE…
Au coeur du Mali, à l’extrémité nord de l’immense boucle que dessine le fleuve Niger, la surface du fleuve est tellement vaste qu’on le nomme « lac », le lac Debo.
A Youwarou, durant la saison chaude (45° qui accablent pendant deux longs mois une population déjà exténuée par la période des pluies), les eaux du « lac » se retirent découvrant un vaste désert où tous les ans quelques fortunés financent une course de chevaux à laquelle sont conviées les meilleures montures des villages avoisinants.
Parmi le public de nombreuses femmes sont aussi présentes et pour les plus riches d’entre elles cette course constitue l’occasion tant attendue d’arborer leur coiffure faite de grosses boules d’ambre, appelées allambanadji, cousues directement dans les cheveux; on dit que les pierres dimé, les plus précieuses, faites d’ambre très pure, furent apportées par les commerçants arabes en provenance de la Mecque.
Avec leurs maris, à qui elles doivent leur existence sociale, ces femmes constituent l’élite des villages.
La vie de ces femmes a pourtant été marquée par un traumatisme qui leur confère une gravité lisible dans leur regard.
A l’âge de la puberté, alors qu’elles ne sont encore que des enfants, la cérémonie de passage à l’âge adulte impose le tatouage des gencives et du pourtour des lèvres, tatouage qu’elles garderont toute leur vie comme un signe distinctif d’appartenance à la communauté peule. Aujourd’hui cette coutume tend à disparaître. Cependant, il n’est pas rare encore aujourd’hui qu’une jeune fille soit hospitalisée d’urgence à Bamako suite à une grave infection causée par un tatouage effectué sans respect des normes d’hygiène.
La modernité fait cependant son chemin au sein de ces sociétés aux traditions si fragiles.
Au devant de quelques boutiques on peut voir des grappes de plastique transparent avec des petites lumières clignotantes accrochées à une batterie de camion: ce sont des chargeurs chinois de téléphone portable!